Thèses

Vers une approche intégrée des effets sanitaires positifs et négatifs du jardinage dans l’aide à la décision sur des sols pollués. 


Docteure en pharmacie à l’IRSET (Institut de recherche en santé, environnement et travail – UMR_S 1085 Inserm), Eugénie Albert s’est spécialisée en santé publique. Elle croit fermement que les enjeux de santé actuels nécessitent une lecture globale et interdisciplinaire. Cette thèse, appuyée par l’ADEME, s’inscrit complètement dans cette logique. Pour cette grande curieuse et fan de jardinage, le thème était tout indiqué… 

Quels sont les principaux objectifs et résultats de votre thèse ?
Eugénie Albert

Il existe aujourd’hui des outils d’évaluation des risques sanitaires des sols contaminés. Cependant, lorsque les risques évalués sont faibles, peu parlants, il est difficile de déterminer l’usage que l’on peut réellement faire du sol. Par ailleurs, des usages comme le jardinage peuvent aussi avoir des impacts sanitaires positifs. La thèse cherche donc à construire un outil qui réponde à ces situations intermédiaires, en intégrant les bénéfices éventuels pour la santé. Ceci s’inscrit dans une logique de santé publique actuelle où, au principe de sécurité sanitaire, s’ajoute la notion de promotion de la santé. 

Ma thèse s’appuie tout d’abord sur une revue de la littérature montrant des bénéfices potentiels, en particulier pour le jardinage, en matière d’alimentation, de santé mentale, d’activité physique, de lien social, de qualité de l’environnement et de budget. Sur cette base, mon objectif est de proposer une méthode d’évaluation qui intègre tous ces bénéfices, et pas uniquement le risque. 

Le second volet a été d’aller rencontrer des jardiniers, en l’occurrence les usagers des jardins collectifs de la ville de Rennes. J’ai cherché à documenter les bénéfices économiques, qui sont moins connus, et les conditions dans lesquelles ils sont présents (profil de jardinier, structure du jardin…). À Rennes, on montre que pour faire des économies substantielles en matière de coût alimentaire, il faut avoir une certaine surface, associée à une certaine expérience du jardinage. Mais surtout, c’est moins l’objectif économique que le loisir que les gens cherchent, contrairement aux conclusions d’autres études menées par exemple à Séville, région très touchée par la crise économique de 2008. 

 

Pourquoi avez-vous sollicité l’ADEME ? Qu’apporte cette collaboration à vos travaux ?
E.A.

D’une part, je savais que l’ADEME était intéressée par cette thématique d’évaluation des risques sanitaires en situation d’entre-deux et l’avait inscrite à son cahier des charges. D’autre part, c’était un atout de pouvoir accéder à l’expertise de l’ADEME pour conduire une thèse la plus opérationnelle possible et la plus proche des besoins des utilisateurs finaux. 

 

Comment les résultats seront-ils valorisés ? Quelles sont les éventuelles suites ?
E.A.

L’objectif pour la suite de la thèse est de construire le module d’évaluation de tous les bénéfices, en comparaison avec les différents niveaux de risques, afin de produire un véritable outil d’évaluation intégrée des impacts sur la santé. Ma thèse sera d’ailleurs présentée aux 5e Rencontres Nationales de Recherche sur les sites et sols pollués de février 2025. 

Par la suite, cet outil pourra être enrichi d’autres analyses du jardin provenant de différentes disciplines de recherche, ou décliné pour d’autres usages.